Comment est née ta relation à la Royal Enfield ?
La première fois que je suis venue en Inde, j’avais 19 ans. J’ai vu ses bécanes incroyables sur les routes... Au Ladakh, j’étais fascinée par les motards que je croisais. Je me suis promis que je passerais un jour mon permis moto et que je ferais la magnifique route de Leh, au Ladakh, à Srinagar, au Cachemire. C’est resté dans un coin de ma tête.
L’Inde est aussi une passion pour toi ?
Oui. J’y suis allée 18 fois en vacances avant d’y habiter ! J’aime les sensations. En Inde, tous les sens sont en éveil. C’est un pays de mystères. Je ne comprends toujours pas l’Inde et cet aspect est très attirant. L’Inde est un amplificateur de passions, positives ou négatives. Quand tout va bien, on se sent bien et ce sont comme des moments de grâce.
Quand t’es-tu mise à la moto ?
Le permis est assez cher, donc je ne l’ai passé qu’il y a 4 ans, à Tahiti. J’étais tellement fière. Ensuite, je me suis achetée une petite Mash 500, car j’aime bien ce genre de motos avec un côté rétro.
Et puis tu es arrivée en Inde cet hiver et tu as retrouvé la Royal Enfield…
Exactement. J’ai hésité à en acheter une à Delhi, mais j’avoue que pour une fille, au jour le jour, c’est un moyen de locomotion contraignant. On ne peut pas mettre de talons ni de jupes ; il faut choisir entre être féminine ou rouler en bécane. Je fais donc de la moto pour mon plaisir, en vacances et les weekends. J’en ai loué une en vacances à Goa et c’était génial.
Une femme qui conduit une Enfield, ca impressionne toujours un peu...
A Goa, les riders qui passaient en Enfield en sens inverse me faisaient toujours le signe de la main et je répondais, c’était drôle… A Delhi, il y a beaucoup de regards aux feux rouges. On ne va pas se mentir : on vit dans un monde d’hommes et on n’est pas tant de femmes à moto. Pour moi, c’est aussi une manière de dire : « Okay, les gars, je peux faire pareil ! » C’est vrai que c’est un défi, même si ce n’est pas si difficile car c’est une question d’équilibre, pas de muscles.
Ce n’est pas dur à conduire ?
La Enfield, c’est pépère, stable, facile. J’ai l’impression d’être dans un fauteuil en cuir ! C’est la moto la plus facile à conduire. J’adore son bruit et son look, et dès qu’on fait de la piste ou du caillou, c’est super agréable.
Il parait que tu t’es mise aussi à la mécanique ?
Oui. Car comment me débrouiller si j’ai un pépin seule sur la route ? Comme je connais l’équipe de Vintage Rides à Delhi, je suis allée les voir. J’ai suivi avec eux un stage pour apprendre à vérifier le fonctionnement de la bécane. Mais je voulais en savoir davantage. Alors je leur ai demandé si je pouvais faire la petite souris dans leur garage et observer leurs mécaniciens sans les déranger. Ils ont accepté. Et j’ai passé tous mes samedis de 11h à 18h dans le garage de Vintage Rides.
Comment cet apprentissage s’est-il passé ?
Le premier jour, les mécanos ont été surpris de me voir. Petit à petit, ils m’ont vu revenir tous les samedis et ils ont commencé à me laisser manipuler les motos. Je ne connaissais pas les termes techniques en français alors, en anglais, c’était encore plus dur et parfois le mécano me montrait simplement la pièce du doigt ! J’ai appris des milliards des choses et, peu à peu, les mécanos m’ont acceptée. J’aime beaucoup cette ambiance de garage. Je me suis régalée. J’aimerais vraiment remercier Vintage Rides : ils m’ont ouvert leurs portes spontanément, avec beaucoup de gentillesse, et ca a été pour moi une chance inouïe.
Tes projets ?
M’acheter une Enfield et faire le Ladakh en moto l’été prochain ! Etre seule avec ma bécane sur des pistes, c’est un sentiment de liberté incroyable. Cet univers de la moto m’attire beaucoup. Et, pourquoi pas, j’espère peut-être un jour devenir guide pour Vintage Rides…
Vanessa Dougnac / Vintage Rides